Je compare les mutuelles santé

Tout comme la vue, l’audition baisse progressivement avec l’âge. Dès 55 ans, une personne sur dix entend moins bien et à partir de 74 ans, cette proportion est multipliée par trois selon l'étude EuroTrak France 2015. Les seniors de 65 ans et plus totalisent ainsi 75 % des dépenses pour l'acquisition d’appareils auditifs. Dans la majorité des cas, il s’agit pour eux de compenser la forme la plus fréquente de perte auditive des deux oreilles, la presbyacousie.

La presbyacousie, un handicap négligé par les seniors

Due au vieillissement cellulaire, la presbyacousie se développe crescendo à partir de 70 ans. Elle se manifeste notamment par une difficulté croissante à comprendre la parole dans le bruit. L’appareillage précoce freine son évolution en maintenant la capacité du cerveau à analyser les sons : l’aide auditive amplifie et traite le signal sonore pour permettre sa compréhension. La récupération et le maintien de l’audition se font d’autant mieux que la correction est pratiquée dès les premiers signes de perte auditive, et que les audioprothèses sont portées régulièrement. Pourtant, seuls quatre seniors malentendants sur dix utilisent des aides auditives en France. Plusieurs années s’écoulent généralement entre le premier diagnostic de presbyacousie et l’acquisition d’aides auditives, qui survient en moyenne à 72 ans. La grande majorité des patients achète alors un équipement de classe D (gammes moyenne à haute).

Les aides auditives avant le 100 % santé (ou reste à charge 0)...

Principal frein évoqué à l’appareillage : le prix. Le coût d’acquisition d’un appareil auditif s’élevait en moyenne à 1 500 euros, soit 3 000 euros la paire avant la mise en place de la réforme du reste à charge 0. L’Assurance maladie remboursait alors 60 % d'un tarif unitaire fixé à 199,71 euros par oreille, soit une prise en charge de moins de 240 euros pour un équipement binaural (à noter : pour les jeunes de moins de 20 ans, soit 3% des patients, le tarif unitaire s'établissait de 900 à 1400 euros selon l'équipement et était remboursé à hauteur de 60 % par l'Assurance maladie). Quant aux assurances complémentaires, leurs couvertures étaient extrêmement variables. Une étude du magazine 60 millions de consommateurs a ainsi comparé les garanties de milieu et haut de gamme de cinq assureurs et mutuelles : les remboursements s’élevaient de 250 à 1000 euros pour 3 000 euros dépensés. Le reste à charge correspondant variait donc de 1700 à 2500 euros !

... et après la réforme

Pour faire face à cette situation, les audioprothèses ont été intégrées à la réforme du "100 % santé" appelée aussi Reste à charge 0, comme l'optique et le dentaire. Cela permettra de s'équiper totalement gratuitement à partir du 1er janvier 2021.

Comme pour les autres postes, cet objectif sera atteint grâce à la convergence de trois mesures :

  • l'application de tarifs plafonnés sur une sélection d'équipements. Ces tarifs plafonnés baisseront progressivement : de 1300 € par oreille en 2019, ils sont passés à 1100 € en 2020 puis passeront à 950 € en 2021 ;
  • l'augmentation du remboursement par la sécurité sociale qui, lui aussi, va évoluer sur 3 ans : de 180 € par oreille en 2019, il est passé à 210 € en 2020 puis passera à 240 € en 2021 ;
  • l'obligation pour les complémentaires santé 100 % santé de prendre en charge la différence entre les tarifs plafonnés et le remboursement de la sécurité sociale à partir du 1er janvier 2021. Ce n'est donc qu'à cette date que vous pourrez vous équiper totalement gratuitement.

Quatre à cinq ans de suivi inclus dans le prix

Outre les deux audioprothèses, le prix moyen actuel de 3 000 euros comprend le bilan initial de l’audioprothésiste, son travail pour adapter progressivement le dispositif binaural aux besoins du patient les trois premiers mois, puis pour l’entretenir et ajuster les réglages pendant quatre ans ou plus. L’audioprothésiste a l’obligation d’accueillir son patient aussi souvent et aussi longtemps que nécessaire. Il doit notamment nettoyer régulièrement le microphone et l’écouteur pour un fonctionnement et un réglage optimaux. A raison de deux à quatre examens de contrôle par an, la qualité de son accompagnement est la clé de l’observance. La France est ainsi un des pays d’Europe où le port régulier des aides auditives atteint l’un des niveaux les plus élevés. Le taux de satisfaction des personnes appareillées également : 84 % selon l’enquête EuroTrak France 2015.

Mal entendre : des risques pour la santé physique et mentale

Et pourtant, un tiers des personnes qui pourraient être appareillées ne le sont pas ! On estime leur nombre à un million : elles n’ont pas consulté pour leurs troubles ou n’ont pas suivi la prescription de leur médecin ORL. Or la perte auditive a un impact négatif sur la qualité de vie et la santé. Elle entrave les trois fonctions de l’audition : alerter et orienter, communiquer, écouter. Lorsqu’on entend mal, tout demande plus d’efforts et certains finissent par renoncer progressivement à toute vie sociale. Chez les personnes âgées de plus de 50 ans, le déficit auditif est associé à des risques de mortalité, de chute, et de dégradation des capacités cognitives et de la santé mentale. La perte d’audition augmente le risque de mortalité de 20 % (source : Gentler et al., 2015). Elle accroît aussi le risque de chute en perturbant l’équilibre : à partir d’un déficit de 25 décibels, cette aggravation va de pair avec la gravité du trouble (source : Lin et Ferruci, 2012). Des études montrent également que le déclin cognitif est accéléré, ainsi que le risque de maladie d’Alzheimer. Plus généralement, le déficit auditif fragilise psychologiquement les personnes. Le coût sanitaire du handicap auditif non compensé est ainsi estimé à 200 millions d’euros sur six ans, selon un récent rapport l’impact économique du déficit auditif en France et dans les pays développés. Il est supérieur aux 134 millions d’euros remboursés par l’Assurance maladie en 2015 pour des audioprothèses, frais d’entretien et de réparation compris.

Vous pensez avoir besoin d'une prothèse auditive ?

Comme tout dispositif médical remboursé par l’Assurance maladie, l’audioprothèse doit être prescrite par un médecin. Si vous pensez souffrir de troubles auditifs, n'hésitez pas à en parler à votre médecin généraliste qui pourra vous orienter vers un spécialiste ORL. Celui-ci procédera alors à des examens des oreilles et des tests pour poser un premier diagnostic, éventuellement complété par d’autres examens.

Si vous en avez besoin, votre ORL vous fera une prescription d'aides auditives et vous enverra chez un audioprothésiste. Après examen, celui-ci établira un devis normalisé qui distingue le prix des aides auditives de celui de ses prestations (voir à ce sujet la partie cahier des charges de l'audioprothésiste). Avant tout achat, pensez bien à consulter votre mutuelle afin de connaître le montant du remboursement. Certaines mutuelles accordent par ailleurs des remboursements plus favorables dans leur réseau de soins : renseignez-vous sur cette possibilité !

Pour consulter un exemple de devis normalisé pour un appareillage auditif, rendez-vous sur le site de l'Assurance maladie

Pour aller plus loin : le cahier des charges de l’audioprothésiste

Les prestations de l’audioprothésiste sont encadrées par l’article L 165 - 9 du Code de la santé publique.

Avant l’achat

Lors de la première consultation, l'audioprothésiste doit :

  • Faire une évaluation de la gêne ressentie, de vos besoins selon votre activité, vos antécédents, vos motivations, vos contraintes...
  • Réaliser un bilan prothétique avec l’examen des conduits auditifs et diverses mesures de l’audition 
  • Vous informer sur les différentes aides auditives disponibles, leur fonctionnement, leur prix de vente et le montant remboursé par l’assurance maladie 
  • Vous délivrer une fiche d’information sur les prestations incluses dans le prix d’achat et au minimum deux devis normalisés, dont un correspondant à des appareils appartenant au panier 100 % santé.

Lors de l’achat

Une fois le devis accepté, l'audioprothésiste procédera à :

  • La prise d’empreinte des conduits auditifs si nécessaire
  • L’essai d’un ou plusieurs appareils avec réglages et tests adéquats
  • L’adaptation progressive du réglage de l’appareil
  • L’éducation prothétique : il vous expliquera comment utiliser les appareils, les manipuler, changer les piles, etc.
  • Au suivi administratif avec l’assurance maladie
  • L’envoi d’un compte rendu au médecin ORL

Après l’achat

Pendant toute la durée d'utilisation de vos prothèses auditives, vous serez amené à revoir l'audioprothésiste pour :

  • Des séances de contrôle aux 3e, 6e et 12e mois
  • Le nettoyage et l'entretien des appareils, le contrôle de l'audition et l'ajustement des réglages, à raison d’au moins une visite par semestre pendant les trois années suivantes
  • La fourniture des justificatifs des dépenses pour les piles et les frais d’entretien, remboursés à 60 % sur la base de 36,59 euros par appareil et par an par l’Assurance maladie